jeudi 14 mai 2020


Question de la communauté : les anges, des agents Smith ?

Matrix est une référence incontournable pour quiconque jouerait à Démon. Les allusions y sont nombreuses et les auteurs puisent directement dans la mythologie des sœurs Wachowski.

Au-delà de la Machine et de la fausseté de notre monde, la figure de l’Agent Smith revient sans cesse. Véritable antagoniste des trois films, il est, comme les autres agents, assimilé aux anges qui peuplent le Monde des Ténèbres. Mais cette association est-elle pertinente ?



Les similitudes sont évidentes : placés au sommet de la hiérarchie de la Machine-Dieu, les anges sont autant ses émissaires que ses exécutants. Dépourvus d’émotions, adaptables, ils exécutent ses commandements (et ses opposants) sur Terre, et assurent la concrétisation de ses projets à l’échelle humaine. Démon : La Damnation reprend cette idée et présente les anges comme des outils infaillibles : ils ont été conçus pour échapper aux émotions et s’acquitter docilement de leur tâches. Bien que dotés de certaines capacités de réflexion et d’adaptation (notamment lorsque les paramètres de la mission changent ou qu’un cercle de démons surgit de nulle part, avec la ferme intention de tout dynamiter…), ils sont privés de libre-arbitre. Lorsque le doute ou la tentation du choix s’insinue, il est temps de les remiser (et la Machine dispose d’installations tout spécialement prévues à cet effet).

Les démons seraient donc une version débilitée (ou purgée, c’est selon) des anges de la Machine-Dieu. Au cours d’une de leurs missions, ou au fil de décennies de service,  il arrive qu’un ange – au contact des mortels ou à la suite de certaines défaillances - développe des émotions humaines. Les graines de sa Chute sont désormais semées. De la germination du doute à l’éclosion du désir de liberté, l’ange est « victime » d’un afflux d’expériences et d’appétits nouveaux. La suite, vous la connaissez…

« Je vous ai tué Monsieur Anderson, je vous ai vu mourir. Avec une certaine satisfaction, qui plus est. » - Smith, Matrix Reloaded

Dès lors, la figure de l’agent Smith se déporte. Elle n’est plus celle d’un ange, mais véritablement l’incarnation du démon. Un ange, jadis servile et prémuni de la faute, qui aurait développé – malgré-lui ou non – des émotions et aspirations défendues. Les films Matrix développent la réflexion, s’interrogeant sur la notion même de choix, son rapport à la liberté, et plus encore les conséquences d’un tel bouleversement. Smith, non parce qu’il a été vaincu ou aurait failli, mais bien parce qu’il a développé des sentiments humains, a été déconnecté de la Machine, et s’évertue désormais à conquérir sa liberté. Élément notable, cette liberté semble passer invariablement par la défaite de la Machine et l’élaboration d’un monde nouveau…

Il faut alors penser Démon comme une version alternative – ou un prolongement - de Matrix. Vous y jouez des semblables un agent Smith et ses semblables, libérés de leurs chaînes et désireux de goûter à une liberté durement acquise. Cette dernière ne se fera pas sans la défaite de la Machine-Dieu, qui poursuit ses insondables desseins et mandate ses cohortes d’anges pour écraser la résistance. Vous êtes prévenus.

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