Question de la communauté : les anges, des agents Smith ?
Matrix est une
référence incontournable pour quiconque jouerait à Démon. Les allusions y sont
nombreuses et les auteurs puisent directement dans la mythologie des sœurs Wachowski.
Au-delà de la Machine et de la fausseté de notre monde, la
figure de l’Agent Smith revient sans cesse. Véritable antagoniste des trois
films, il est, comme les autres agents, assimilé aux anges qui peuplent le
Monde des Ténèbres. Mais cette association est-elle pertinente ?
Les similitudes sont évidentes : placés au sommet de la
hiérarchie de la Machine-Dieu, les anges sont autant ses émissaires que ses
exécutants. Dépourvus d’émotions, adaptables, ils exécutent ses commandements
(et ses opposants) sur Terre, et assurent la concrétisation de ses projets à l’échelle
humaine. Démon : La Damnation reprend cette idée et présente les anges
comme des outils infaillibles : ils ont été conçus pour échapper aux
émotions et s’acquitter docilement de leur tâches. Bien que dotés de certaines
capacités de réflexion et d’adaptation (notamment lorsque les paramètres de la
mission changent ou qu’un cercle de démons surgit de nulle part, avec la ferme
intention de tout dynamiter…), ils sont privés de libre-arbitre. Lorsque le
doute ou la tentation du choix s’insinue, il est temps de les remiser (et la
Machine dispose d’installations tout spécialement prévues à cet effet).
Les démons seraient donc une version débilitée (ou purgée,
c’est selon) des anges de la Machine-Dieu. Au cours d’une de leurs missions, ou
au fil de décennies de service, il
arrive qu’un ange – au contact des mortels ou à la suite de certaines
défaillances - développe des émotions humaines. Les graines de sa Chute sont
désormais semées. De la germination du doute à l’éclosion du désir de liberté,
l’ange est « victime » d’un afflux d’expériences et d’appétits
nouveaux. La suite, vous la connaissez…
« Je vous ai tué
Monsieur Anderson, je vous ai vu mourir. Avec une certaine satisfaction, qui
plus est. » - Smith, Matrix Reloaded
Dès lors, la figure de l’agent Smith se déporte. Elle n’est
plus celle d’un ange, mais véritablement l’incarnation du démon. Un ange, jadis
servile et prémuni de la faute, qui aurait développé – malgré-lui ou non – des émotions
et aspirations défendues. Les films Matrix
développent la réflexion, s’interrogeant sur la notion même de choix, son
rapport à la liberté, et plus encore les conséquences d’un tel bouleversement. Smith,
non parce qu’il a été vaincu ou aurait failli, mais bien parce qu’il a développé des sentiments
humains, a été déconnecté de la Machine, et s’évertue désormais à conquérir sa
liberté. Élément notable, cette liberté semble passer invariablement par la
défaite de la Machine et l’élaboration d’un monde nouveau…
Il faut alors penser Démon comme une version alternative –
ou un prolongement - de Matrix. Vous y jouez des semblables un agent Smith et
ses semblables, libérés de leurs chaînes et désireux de goûter à une liberté
durement acquise. Cette dernière ne se fera pas sans la défaite de la
Machine-Dieu, qui poursuit ses insondables desseins et mandate ses cohortes d’anges
pour écraser la résistance. Vous êtes prévenus.
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