Lorsqu’un démon investit une ou
plusieurs Couvertures, il adopte une silhouette et des traits humains pour se
fondre plus facilement dans la foule. Mais ce changement d’enveloppe n’étouffe
pas pour autant sa véritable apparence, héritée de son passé angélique. A tout
moment, un Déchaîné peut révéler une partie de sa « forme
démoniaque » et faire usage de ses attributs surnaturels : ailes,
cornes, aura de flammes ou encore paire de bras supplémentaires…
Employer sa forme démoniaque peut
s’avérer utile dans certaines situations (pour défoncer un mur à mains nues ou
s’immerger dans une rivière de lave par exemple…) mais reste cependant risqué.
S’il est aisé de libérer ce potentiel, il est toujours plus difficile pour un
démon de réinvestir sa Couverture par la suite, risquant donc d’être
« prisonnier » de sa forme démoniaque. Et vous le savez, les gens
réagissent assez mal à la vision d’un colosse de métal haut de cinq mètres et
doté d’une centaine d’yeux…
Le recours à la forme démoniaque
trahit généralement d’une difficulté ou d’un danger pour le démon. Mais lorsque
la situation tourne au vinaigre et qu’un Déchaîné est dos au mur ou sur le
point de succomber, il lui reste une dernière carte à jouer : le Baroud
d’honneur.
Nous vous laissons le plaisir de
la découverte - le livre de base de Démon : La Damnation entre les mains -
mais voici un avant-goût des potentialités du Baroud d’honneur :
— Dena ? Cours !
Les pieds de Joseph touchaient à
peine le sol. Quoi qu'eut été cette chose, elle était plus rapide qu'eux. Un
millier de cris aigus s'échappaient de ses mille bouches, elle avait tant de
bouches, des bouches dans des bouches. Joseph pensait qu'il y en aurait même
encore au plus profond d'entre elles, une projection infini de bouches
affamées.
— Merde !
L'allée dans laquelle ils
déboulèrent était terminée par un grillage métallique. Les cris de cette chose
balbutiante emplissaient déjà la ruelle, résonnant comme si les murs étaient
eux aussi dotés de bouches hurlantes.
— Dena, grimpe. Magne-toi !
— J'vais pas te laisser, Joe. Si
tu restes, je reste. C'est de ma faute si on est dans ce merdier.
Joseph étouffa un juron.
— C’est pas de ta faute. C'est la
mienne. C'est grâce à toi si je suis pas aussi mauvais que cette chose. C'est
grâce à toi que je suis moi. Vas-y maintenant !
Dena hésita, avant de commencer à
escalader la clôture.
— Je vais chercher de l'aide.
— Oui. Fais ça. Et quoi que tu
entendes, ne t'arrête pas. Ne te retourne pas. Va te mettre à l'abri. Peu
importe que tout le monde te voit, je m'en moque. Mais ne t'arrête pas de
courir.
Elle gagna le sommet, passa ses
jambes de l'autre côté et entama la descente. Joseph l'observa un moment
jusqu’à ce que l'ombre impossible du monstre noie l'entrée de la ruelle. Il
avançait lentement, ostensiblement, du haut de ses six paires de jambes,
l’échine dressée et les articulations tendues. Joseph attrapa la clôture à
l'instant où Dena atteignit le sol. Il écarquilla les yeux, mais ce n'était pas
de peur.
— Dena ?
Elle le regarda, le regard
empreint de terreur à son égard. La même compassion qui l'avait mené à elle au
départ.
— Joseph...
— N'aie pas peur.
Avant même qu'il ne se retourne,
des motifs en forme de grille se mirent à luire d'une lumière blanche comme
autant de veines sur son cou. Ses yeux brûlaient comme des lampes halogènes,
aveuglant presque Dena alors qu'elle se retournait en titubant. Il se mit à
grandir, sa voix devint plus grave jusqu'à n'être plus qu'un aboiement
inhumain, un croisement entre le crachotement d’une vieille radio et un chien
enragé. Il continua de changer à mesure que Dena fuyait. Une fois au bout de
l'allée, elle osa jeter un œil en arrière. Joseph avait disparu. Il ne restait
plus que des monstres.
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