mardi 26 mai 2020


Lorsqu’un démon investit une ou plusieurs Couvertures, il adopte une silhouette et des traits humains pour se fondre plus facilement dans la foule. Mais ce changement d’enveloppe n’étouffe pas pour autant sa véritable apparence, héritée de son passé angélique. A tout moment, un Déchaîné peut révéler une partie de sa « forme démoniaque » et faire usage de ses attributs surnaturels : ailes, cornes, aura de flammes ou encore paire de bras supplémentaires…

Employer sa forme démoniaque peut s’avérer utile dans certaines situations (pour défoncer un mur à mains nues ou s’immerger dans une rivière de lave par exemple…) mais reste cependant risqué. S’il est aisé de libérer ce potentiel, il est toujours plus difficile pour un démon de réinvestir sa Couverture par la suite, risquant donc d’être « prisonnier » de sa forme démoniaque. Et vous le savez, les gens réagissent assez mal à la vision d’un colosse de métal haut de cinq mètres et doté d’une centaine d’yeux…

Le recours à la forme démoniaque trahit généralement d’une difficulté ou d’un danger pour le démon. Mais lorsque la situation tourne au vinaigre et qu’un Déchaîné est dos au mur ou sur le point de succomber, il lui reste une dernière carte à jouer : le Baroud d’honneur.

Nous vous laissons le plaisir de la découverte - le livre de base de Démon : La Damnation entre les mains - mais voici un avant-goût des potentialités du Baroud d’honneur :




— Dena ? Cours !
Les pieds de Joseph touchaient à peine le sol. Quoi qu'eut été cette chose, elle était plus rapide qu'eux. Un millier de cris aigus s'échappaient de ses mille bouches, elle avait tant de bouches, des bouches dans des bouches. Joseph pensait qu'il y en aurait même encore au plus profond d'entre elles, une projection infini de bouches affamées.
— Merde !
L'allée dans laquelle ils déboulèrent était terminée par un grillage métallique. Les cris de cette chose balbutiante emplissaient déjà la ruelle, résonnant comme si les murs étaient eux aussi dotés de bouches hurlantes.
— Dena, grimpe. Magne-toi !
— J'vais pas te laisser, Joe. Si tu restes, je reste. C'est de ma faute si on est dans ce merdier.
Joseph étouffa un juron.
— C’est pas de ta faute. C'est la mienne. C'est grâce à toi si je suis pas aussi mauvais que cette chose. C'est grâce à toi que je suis moi. Vas-y maintenant !
Dena hésita, avant de commencer à escalader la clôture.
— Je vais chercher de l'aide.
— Oui. Fais ça. Et quoi que tu entendes, ne t'arrête pas. Ne te retourne pas. Va te mettre à l'abri. Peu importe que tout le monde te voit, je m'en moque. Mais ne t'arrête pas de courir.
Elle gagna le sommet, passa ses jambes de l'autre côté et entama la descente. Joseph l'observa un moment jusqu’à ce que l'ombre impossible du monstre noie l'entrée de la ruelle. Il avançait lentement, ostensiblement, du haut de ses six paires de jambes, l’échine dressée et les articulations tendues. Joseph attrapa la clôture à l'instant où Dena atteignit le sol. Il écarquilla les yeux, mais ce n'était pas de peur.
— Dena ?
Elle le regarda, le regard empreint de terreur à son égard. La même compassion qui l'avait mené à elle au départ.
— Joseph...
— N'aie pas peur.
Avant même qu'il ne se retourne, des motifs en forme de grille se mirent à luire d'une lumière blanche comme autant de veines sur son cou. Ses yeux brûlaient comme des lampes halogènes, aveuglant presque Dena alors qu'elle se retournait en titubant. Il se mit à grandir, sa voix devint plus grave jusqu'à n'être plus qu'un aboiement inhumain, un croisement entre le crachotement d’une vieille radio et un chien enragé. Il continua de changer à mesure que Dena fuyait. Une fois au bout de l'allée, elle osa jeter un œil en arrière. Joseph avait disparu. Il ne restait plus que des monstres.

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